« Luigi Alamanni (Florence 1495-Amboise 1556) est un témoin privilégié de la crise politique de la cité du lys. […] notre Républicain semble avoir eu deux vies :
une vie italienne et civique et une vie française et courtisane, par laquelle il a contribué à établir l?influence italienne sur les Lettres françaises. »
Théa Picquet
La cité du Lys, Florence, est la ville natale de cet homme de lettres, qui n’a pas écrit que des poèmes. Auteur d’une comédie et une tragédie, il a aussi traduit et imité l' »Anthologie grecque ». Il y vécu les aller-retour ( nommée crise) entre la République et le règne de la célèbre dynastie des Médicis.
Son père Piero di Francesco Alamanni occupa de nombreuses fonctions publiques. Laurent Le Magnifique (1449-1492) le nomma ambassadeur (à Milan, Rome et Naples). Il fut également gonfalonier, un des neuf citoyens sélectionnés tous les deux mois pour former le gouvernement de la seigneurie de Florence. Il avait la charge de gérer la justice et il était gardien de l’étendard de la ville qui était porté accroché à une hampe croisée.
Par conséquent le jeune Luigi bénéficie d’une éducation humaniste :
il fréquente le?Studio?, c?est-à-dire l?Université, où il suit les cours de Francesco Cattani da Diacceto, platonicien célèbre, tout comme les jardins Rucellai, les fameux ?Orti Oricellari?, lieu de rencontre des esprits les plus cultivés de l?époque. »
Malheureusement son implication dans un complot d’assasinat contre le cardinal Jules de Médicis l’oblige à s’enfuir de Florence pour échapper à une répression sanglante.
Premier Exil
Son premier exil fut vers Venise, ville refuge. Il arrive en France en 1522 où il bénéficie de relations privilégiées. Alamanni partage son temps entre la Provence, Lyon et la cour de François Ier (1515-1547) qu?il suit dans ses déplacements. Mais il espère surtout délivrer Florence avec l?aide du roi qui multiplie ses promesses de conquête de l?Italie. Sans doute sera-t-il déçu comme bon nombre de florentins à ce sujet.
Intermède Républicain
C’est en 1527 que la famille Médicis est chassée de Florence, et Luigi ne tarde pas à rentrer au pays, prononçant en humaniste républicain, un Discours à la Milice.
Pendant la République, à l’image de son père, Luigi Alamanni devient un interlocuteur et diplomate essentiel, représentant sa patrie auprès de Charles Quint, ( 1500-1558) prince des Hasbourg et François Ier.
Cependant la capitulation, en août 1930, de la République suite au siège de Florence par les armée pontificales et impériales font qu’il en est banni sous peine de sentence de mort alors qu’il plaidait en France la cause de Florence auprès du roi.
Second Exil
Il embrasse alors une vie de courtisan en France profitant de la haute estime de François Ier qui lui offre un riche accueil et à qui il fait bénéficier de ses compétences diplomatiques. Dès lors l’influence italienne du poète ne cessera de s’étendre en particulier chez les écrivains de la Pléiade (Joachim Du Bellay, Pierre de Ronsard,..).
Il meurt à Amboise en 1556 davantage comme un illustre poète de la cour de François 1er que comme un politique florentin engagé.
source: Théa Picquet, « Luigi Alamanni et la France », Italies [En ligne], 2 | 1998, mis en ligne le 01 octobre 2011, consulté le 12 septembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/italies/34490/italies.3449