Portrait de Emma Couriaud

Fin 1912, Emma Couriau, femme de typographe, typote elle-même depuis 17 ans, est embauchée au tarif syndical, dans une imprimerie syndiquée, à Lyon, où le couple vient s’installer. «C’est le métier qui me fait vivre. Je n’en connais pas d’autre», dira-t-elle. Au terme de six mois de travail, en avril 1913, elle demande son admission à la chambre syndicale typographique lyonnaise. Or, non seulement son adhésion est refusée, mais son mari est radié de la section lyonnaise eu égard à une décision de janvier 1906 selon laquelle serait radié « tout syndiqué lyonnais marié à une femme typote, s’il continuait à lui laisser exercer son métier » C’est ainsi que démarre l’affaire Couriau pour la sociologue Marie-Victoire Louis, qui publie un texte sur la typographe en 1988. Peu à peu, le combat d’Emma Couriau trouvera rapidement un écho national. Cette affaire provoquera des débats importants dans la presse syndicale et fera bouger les lignes au sein du syndicalisme. À partir des années 1920-1921, les syndicats, dont la CGT, vont s’ouvrir plus largement aux travailleurs et travailleuses non qualifiés, et donc aux femmes. Par ailleurs, des syndicats féminins vont se développer mais, pour autant, les femmes auront du mal à trouver leur place dans le syndicalisme français qui se construit massivement après la Première Guerre mondiale.

Pour aller plus loin :
Marie-Victoire Louis, Le droit de cuissage : France, 1860-1930, éd. de l’Atelier, coll. « Patrimoine », 1994
Sophie Binet, Maryse Dumas, Rachel Silvera, « Féministe,
la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale », éditions de l’Atelier, 2019